L'enseignement secondaire part-il en vrille ?
On parle beaucoup, et ce depuis un moment, de "l'éducation qui s'effondre", de "l'echec du lycée", de "l'inutilité du bac"... Qu'en est-il ?
J'ai d'abord l'impression que si on parle d'un echec du collège/lycée, c'est parce qu'en haut, c'est de plus en plus le bordel. Parfois, à écouter les hommes politiques parler, on se demande s'ils sont un jour passés par là, si eux aussi se sont retrouvés assis au milieu d'une classe à une époque. Si ils se rendent compte de la réalité des choses.
Il suffit d'ailleurs de lire quelques-uns de vos blogs pour se rendre compte des aberrations administratives... Ou autre. Je ne ferai qu'évoquer le "nouveau" bac pro en trois ans, parce que je n'ai pas été concernée directement, mais j'ai cru comprendre que là aussi, il y avait un gros problème...
A quoi ressent-on le malaise ? Ce n'est pas bien difficile : l'apparition de sites internet tels que Note2be ou faitmesdevoirs sont des marqueurs. A-t-on le droit d'évaluer un enseignant ? Comment ? Par qui ? Sur quels critères ? Un inspecteur peut-il réellement se rendre compte de la capacité (ou non) à enseigner d'une personne en une heure de cours ? L'IUFM est-elle efficace ? Autant de questions que le mortel commun se pose. Beaucoup font trop confiance à l'école... Sans lui accorder suffisamment. L'origine du paradoxe ? Un malentendu sur le rôle et les objectifs de l'école, peut-être. Ou pas.
Maintenant, si je regarde quel est le problème dans l'enseignent général, l'un des principaux problèmes me parait provenir de la surcharge des classes. C'est bête, basique. Seulement, voilà... L'idéal est que le professeur puisse s'adapter à chaque élève, parce que chaque élève n'est pas fait pour l'apprentissage "classique". Un exemple ? Depuis septembre, j'aide une petite voisine en classe de quatrième, surtout en mathématiques. Ses notes étaient catastrophiques, et pourtant, elle me paraissait sérieuse, travailleuse, ses cours très corrects. En fait, j'ai fini par trouver que son problème, c'est qu'elle ne comprenait pas les maths tels qu'on lui apprenait. Non, elle est comme moi : elle a besoin d'un dessin ! Les notations, les chiffres, tout ça, ça ne lui parle absolument pas, alors que si on lui montre à l'aide d'un shéma à quoi ressemble ce qu'on veut lui expliquer, tout s'éclaire ! Elle veut comprendre d'où vient ce qu'on lui démontre, mais aussi à quoi ça sert. Parce qu'en maths... On apprends des choses, mais on ne comprends à quoi elles servent que plusieurs années plus tard. Et c'est valable pour tout le collège et lycée...
La même voisine a le même dégout que moi pour la grammaire trop appliquée aux textes. Elle lit bien. Elle comprend bien ce qu'elle lit. Ce qu'elle ne comprend pas, c'est pourquoi on cherche à lui rentrer dans la tête ce qu'est un complément circonstanciel de manière ou un attribut du sujet. Là, j'ai du aller chercher loin pour lui faire comprendre l'utilité de la grammaire : je suis allée piocher dans ce qu'elle ferait en seconde et première. L'interpretation linéraire et le commentaire de texte, les figures de style, les sous-entendus, les sens cachées... Et puis je lui ai parlé du latin, de l'allemand, où de bonnes bases de grammaire sont indispensables.
N'importe quel professeur ayant eu le temps de s'attarder sur elle et ses difficultés aurait pu comprendre d'où venaient ses mauvaises notes. Oui, mais pas le temps, avec trente élèves, de s'amuser à s'arrêter sur les gouts et le mode de raisonnement de chacun, et surtout, pas question de faire une leçon de trente manières différentes...
En hiver, quand les bus étaient bloqués, nous avons eu droit à une semaine dans une classe à une dizaine d'élèves. Et bien non seulement on remarque la différence, mais tous les cours se déroulent nettement mieux, vont beaucoup plus vite. Je me rappelle m'être sentie perdue quand j'ai changé de collège entre la cinquième et la quatrième : je suis passée d'une petite classe sympa à un troupeau de trente élèves !
Si on part chercher d'autres raisons (cet article part décidément dans tous les sens...), il y a un tas d'autres facteurs qui font dire que l'éducation ne va pas bien. Entre les profs qui n'en sont pas, ceux qui en sont et qui ne trouvent pas de poste, le bac de plus en plus facile, le désinterêt général pour l'éducation, la dévalorisation de filières prometteuses... J'ai parfois vraiment l'impression que ça ne va plus.
Mais à côté de tout ça, il y a des très bons points. Ou un. Car les meilleurs souvenirs que j'ai concernant directement l'enseignement, ce sont... Les profs. Oui, ceux qu'on dit de plus en plus feignants. Parce que j'ai rencontré des passioné(e)s, des personnalités peu ordinaires, des cultures générales hallucinantes, des personnes avec qui je garderai volontiers le contact les années suivantes. Comme quoi, tant que ce sont encore des humains qui font l'enseignement, on peut garder espoir.
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)