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Voyages entre les bureaux, le tableau et le coin.
26 juillet 2009

De l'exercice de la rédaction au fil des ans.

Alors que j'étais en train de flirter délicieusement avec Emile Zola (l'un de mes trois grands amis de l'été, prépa oblige...), mon esprit a dérivé sur les exercices de dissertation que j'aurais à faire cette année.

J'ignore si vous savez à quoi ressemble une dissertation de français/philo/littérature d'un élève de prépa scientifique. A vrai dire, je n'en sais que ce que l'on m'a raconté, mais tous les élèves français (et pas seulement les scientifiques !) ont en commun un thème et trois livres chaque année (le thème de l'année 2009/2010 est l'argent, voir ici pour davantage de précisions...). Le sujet est une dissertation portant donc sur ce thème et la réponse doit être agrémentée d'arguments et de citations (très importantes, les citations, parait-il !) provenant exclusivement (ou presque) de ces trois oeuvres. Un peu déroutant, non ?

En fait, en matière de rédaction/dissertation, j'ai l'impression que l'on m'apprends une nouvelle méthode tous les deux/trois ans pour me la désapprendre ensuite et m'en donner une autre, et j'ai du mal à comprendre à quoi ça rime...

Je m'explique : en primaire, nous avons tous gouté aux rédactions dans lesquelles nous racontions allégremment notre vie, ou alors une histoire quelconque. Donc, quand on rédigeait, c'était toujours de la narration. Jusqu'ici, pas de problème, je vois mal comment on pourrait demander à un élève de 9 ans ce qu'est le bonheur (quoique, essayons un jour, je suis certaine que les résultats ne manqueront pas d'interêt !).

Nous sommes ensuite passés au collège, avec, en sixième comme en cinquième, encore un lot de narration et compagnie. Le champ s'est progressivement élargi pour laisser de la place aux diverses suites de textes, adaptations, réécritures et lettres. Toujours aucun problème. En LV1, on commence gentimment à nous demander d'écrire de petits textes n'allant en général pas bien loin, et encore, les seules rédactions en anglais que j'ai faites avant la quatrième étaient en séjour linguistique (non scolaire !) pendant lequel nous devions, en guise de devoirs, rédiger tous les soirs un résumé de notre journée ainsi que de notre soirée. Pas bien compliqué, mais demandant déjà une certaine gymnastique à acquerir.

Vient ensuite le passage le passage en quatrième, et là, on complique les choses : en effet, les rédactions en français ne changent pas beaucoup, celles en langues prennent de l'importance (en longueur aussi bien qu'en difficulté). Tout cela paraît être dans une logique de progression, mais en même temps, en histoire-géographie, on est initié au "paragraphe argumenté". Association un peu étrange de mot, exercice très différent de ce à quoi on a l'habitude.

Parce que pour la première fois, comme le nom l'indique, il faut argumenter. Mais attention, pas n'importe comment. L'élève se doit d'écrire un paragraphe d'environ une page, comportant une petite phrase d'introduction, une autre de conclusion et, entre les deux, deux idées contradictoires à développer. Pourquoi pas.

Il s'agit de répondre au sujet directement, sans vraiment chercher à l'interpréter. Souvent, on étudie des documents avant et on nous demande d'en parler, sans oublier le cours. En fait, l'exercice consiste surtout à ressortir son cours et à éviter le hors sujet, du moins en histoire-géographie... En Education civique, on peut éventuellement se permettre une véritable argumentation (je me rappelle l'avoir fait au brevet blanc puis au brevet et cela semble très bien vu), mais il faut faire très attention aux digressions. L'objectif est donc triple : il faut d'abord connaître son cours, puis savoir en sélectionner les éléments qui permettent de répondre au sujet, pour enfin s'exprimer clairement et correctement, de manière organisée. Pas si facile quand on a pas l'habitude ! Et d'ailleurs, c'est pour cela que l'on commence à travailler le paragraphe argumenté en quatrième pour le brevet, mais je me rappelle avoir trouvé l'exercice vraiment très déroutant au début, et j'ai mis assez longtemps à comprendre ce que l'on attendait de moi... Lorsque j'ai fini par m'améliorer, c'était parce que je suivais le conseil de ma prof de troisième qui nous répétait de placer un mot de liaison (mais, notamment, c'est pourquoi, néanmoins...) toutes les deux à trois phrases. On a l'impression d'être lourd, au début, mais on apprend ainsi à se structurer et à faire apparaitre les connections logiques entre ses idées.

Au brevet des collèges, on nous demande donc d'un côté de nous débrouiller en narration (en français), et de l'autre de répondre de façon organisée à une question de cours (histoire-géographie puis éducation civique).

Passons au lycée (encore et encore, je conserve uniquement le point de vue des filières générales puisque je n'ai aucune idée de la façon dont les choses se passent à côté...).

En seconde, les rédactions en langues se font nettement plus élaborées. Là où on avait du mal à aligner 80 mots, il faut soudain en faire 200. Et les sujets changent : la narration pure et simple (parler de soi, assez facile en fait puisque l'inspiration vient bien plus vite !) change en sujets d'argumentation, ou alors en suites de texte, plus rarement des lettres et des dialogues. L'apprentissage du débat dans une autre langue n'est pas forcément une mince affaire : il faut non seulement organiser ses idées et les exprimer, mais aussi trouver, dénicher des mots de liaison, apprendre à rédiger une introduction et une conclusion un peu plus longues...

En français, ce n'est pas une mince affaire puisque l'on doit tout d'un coup apprendre deux nouvelles choses : le commentaire composé et la dissertation. Le commentaire composé consiste à analyser un texte en le "disséquant", et en allant chercher des interpretations dans ses matières premières : les mots et les phrases. On part donc à la recherche des champs lexicaux, des figures de style et des originalités grammaticales, pour en faire une analyse plus ou moins détaillée.

J'ai mis très longtemps (jusqu'en milieu de première) à réussir à bien comprendre l'objectif de cet exercice. Pour moi, il n'avait aucune logique, aucun sens, aucune raison d'être. Je ne voyais pas l'interêt de disséquer un texte pour en retirer quelque chose que l'on sentait en lisant un peu entre les lignes, et j'ai fini par comprendre que justement, l'interêt, c'était de savoir pourquoi on avait cette impression en lisant, pourquoi notre cerveau l'interpretait comme ça (par exemple, on peut penser de façon fugitive à une bataille en lisant la description d'une dispute. Ca s'explique si l'on trouve de nombreuses injonctions, des phrases courtes, le champ lexical de la guerre, du sang, de la blessure...). Il faut réussir à trouver la problématique de son commentaire, et si maintenant cela me parait évident, je n'y arrivais pas du tout au début... L'exercice part aussi d'un postulat que l'on ne m'a jamais énoncé clairement : le fait que si l'auteur écrit en utilisant un mot et pas celui là, ou si, dans un poème, il a choisi de faire un vers plus court que le précédent, ce n'est pas par hasard, ni par facilité ou par praticité, c'est qu'il a une raison de le faire par rapport au texte. Et ça, j'ai fini par le comprendre en écrivant moi-même...

Je n'ai donc jamais maitrisé le commentaire composé puisque j'ai compris ce qu'on y attendait assez tard dans l'année de première, et que je travaillais alors un exercice que j'avais de toute façon prévu de choisir au bac de français : la dissertation. Mot utilisé à tords et à travers, pour tout et n'importe quoi.

La dissertation de seconde/première consiste en une question, formulée plus ou moins explicitement, à laquelle il faut répondre. Une introduction, une conclusion solides et un plan bien organisé sont demandés, tout comme pour le commentaire composé, mais l'exercice parait beaucoup plus difficile à de nombreux élèves puisque l'on a pas de support (en commentaire, on a toujours le texte sous les yeux...) mis à part sa tête. Parce que la dissertation concerne la littérature (exemple : "la tâche du romancier est-elle d'imiter le réel ?"), que ce soit le roman, le théâtre, l'essai, le poème... Et que l'on doit appuyer tous ses arguments par des exemples tirés de sa propre culture. Bien entendu, les lectures jeunesses sont proscrites, tout comme le genre fantastique (allez savoir pourquoi...) et la bande dessinée. Pour réussir une bonne dissertation, on considère donc qu'il faut avoir lu un peu de littérature "classique", avoir une très bonne culture générale.

En fait, étant une grande lectrice, je trouvais ça relativement facile et j'avais souvent bien trop d'exemples, mais il n'y a pas forcément besoin d'avoir lu tout ce dont on parle. J'aime beaucoup, par exemple, Tracy Chevalier, et je parvenais à la placer assez souvent. A côté de ça, j'ai eu droit, comme beaucoup d'élèves, à la lecture d'un bon nombre de pièces de Molière, et Molière est plaçable dans pratiquement tous les sujets sur le théâtre. A côté de ça, j'avais lu les résumés sur Wikipédia de quelques grands classiques comme Germinal, Le Rouge et le Noir ou Madame Bovary. Ces trois là... J'avoue, je les ai donnés à toutes les sauces, mais ça fonctionnait toujours très bien.

Bref, la dissertation, j'ai adoré, ça m'éclatait. Vraiment. Je trouvais ça particulièrement interressant, mais je me suis vite rendue compte qu'en fait, la différence entre une note moyenne et bonne, ou entre une bonne et très bonne, se fait au degré d'étalage de culture. Là, hélas, pas de modération à avoir : plus on montre qu'on a lu, mieux c'est ! Je me suis donc retrouvée, aux devoirs comme au bac, à présenter ce qui me semblait être des listes de livres et d'auteurs... Mais ça marchait.

A côté de ça, on découvre deux choses en histoire-géographie. Premièrement, la synthèse. Il s'agit d'un exercice approchant beaucoup du paragraphe argumenté du collège, mais en un peu plus long et plus complexe. Là, il faut faire bien attention à ne pas trop s'attarder sur une introduction et une conclusion trop longues (alors qu'en français, on nous demande des entrées et sorties bien expliquées, donc très différentes !), mais aussi à sortir au moins autant d'informations de son cours ("connaissances personnelles") que des documents que l'on aura du étudier avant.

Ensuite, la composition, plus proche de la dissertation de français. Le sujet peut être très vaste et pour bien y répondre, rien ne vaut un apprentissage pointilleux du cours : en seconde comme en première, la notation se fait surtout à la pertinence de la problématique et du plan, mais en terminale, on a tout interêt à connaître la période/la zone géographique dont on parle sur le bout des doigts ! Là, j'ai très bien réussi jusqu'à cette année, puis j'ai stagné à 11/12 toute la terminale pour une raison simple : je n'arrive pas à bien retenir les dates, ni les enchainements des évenements, et mes compositions sont trop floues. Un plan très correct, mais pas grand chose à l'interieur.

A côté, pour les S (et les ES aussi, je crois...), un nouvel exercice apparait en SVT : les sujets de cours. Ils consistent en une question (par exemple, "Expliquez comment l'ovulation est commandée par les hormones et décrivez l'effet des différentes pillules contraceptives") dont le plan (toujours deux grandes parties) est donné. Là, pas de secret : encore une fois, seule la connaissance du cours peut permettre de répondre. Il est demandé de faire une introduction claire mais brève, et d'afficher clairement son plan (avant la première partie, on écrit le nom de sa première partie et on souligne...), ce qui est totalement proscrit dans tous les autres exercices de rédactions où l'on donne parfois son plan dans l'introduction, mais où il doit rester "non affiché" ensuite. La réponse doit être agrémentée du maximum de shémas et dessins possibles, les correcteurs apprécient.
La difficulté du sujet de cours d'SVT réside surtout dans l'apprentissage du cours, puis dans la capacité à s'exprimer clairement. Pas de problématisation demandée (elle est donnée texto dans le sujet !), pas de plan à chercher, mais il faut savoir mettre en évidence des liens logiques.

Enfin vient l'année de terminale, et avec elle la philosophie. A nouvelle matière, nouveaux exercices d'écriture.

Le commentaire de texte, d'abord. Commenter un texte philosophique n'a absolument rien à voir avec un commentaire composé de français, et c'est particulièrement déroutant. En effet, là, on ne cherche pas à démontrer que l'on a compris le texte (d'ailleurs, parfois, on ne l'a pas compris...), mais plutôt que l'on en a trouvé les conséquences implicites philosophiquement parlant. Pas facile. Je vous avoue que je n'ai jamais vraiment réussi cet exercice, n'arrivant jamais à problématiser correctement le texte. Là, problématiser le texte consiste à se demander à quelle question philosophique l'auteur a voulu répondre en écrivant. Donc, s'il parle des bienfaits du travail en prison, la problématique peut très bien n'avoir qu'un rapport lointain avec le travail et/ou la prison... Trop déroutant pour moi, d'autant plus que l'on doit citer d'autres auteurs dans son argumentation (ceux qui sont en accord ou non avec les théories énoncées implicitement dans le texte...).

Et puis, la dissertation, bien différente de celle du français. Il s'agit d'abord de réussir à problématiser le sujet (donc à chercher une autre question. Une des problématisations possibles pour "Connaît-on mieux les autres que soi-même ?" est "Qu'est-ce que connaître quelqu'un ?"). Il faut ensuite organiser un plan, trouver des idées pour y répondre, aller chercher des références, des citations, chez des auteurs et des philosophes. Citer une oeuvre d'art (qu'il s'agisse de danse, de peinture, de musique, de cinéma...) est plutôt bien vu dans un sujet sur l'art, mais il faut éviter de parler, quel que soit le sujet, de littérature non philosophique. Je n'ai hélas pas suffisamment de recul pour en parler davantage, mais cet exercice m'a aussi paru très déroutant et, sur le coup, sans aucun rapport avec ce que j'avais fait avant.

A côté, en histoire-géographie et en SVT, les exercices restent les mêmes. Les L ont des dissertations à faire sur une oeuvre en particulier en cours de littérature, les ES ont le même genre d'exercice en Sciences économiques et Sociales qu'en Histoire-géo. Et nous, les S, on se rend compte que la rédaction mathématique approche énormément tout ce qu'on a vu dans les matières littéraires. Le plan se fait obligatoire, bien que souvent implicite. Introduction ("ce que je sais" et "ce que je veux démontrer"), développement ("j'ai ça, donc ça, ce qui implique ça...") puis conclusion ("J'ai réussi à démontrer ce que je voulais"). Savoir rédiger en lettres m'a beaucoup aidée dans mes plans de démonstration en mathématiques, et vice-versa : c'est après avoir corrigé un gros défaut de rédaction que j'avais en maths (confondre implication et équivalence, c'est dangereux !) que j'ai vu mes notes s'améliorer en philosophie.

Comme quoi, en fait, toutes les matières sont très liées de part leur rédaction. La façon dont on argumente en français aide à construire des raisonnements en langue, en histoire et autre part... J'avais, en commençant à écrire, tout à l'heure, l'impression que tous ces exercices de rédaction n'avaient aucun rapport entre eux, et que l'on passait du coq à l'âne, mais finalement... Jusqu'à l'année dernière, j'y vois un déroulement progressif. J'ai juste beaucoup de mal à recadrer ce qu'on a fait en philosophie dans la continuité, mais je suppose que ça viendra avec le recul et les années...

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Commentaires
V
boujour ma copine tu te comporte bien bisou?
J
Je suis contente que ça t'ai paru interressant.<br /> Hum, à vrai dire, en seconde nous n'avons presque pas fait de commentaire composé, et en première... Tiens, il faut que j'écrive un article sur cette prof. En tout cas, elle était très particulière...<br /> Moi, ça m'étonne que l'on initie au paragraphe argumenté en cinquième, mais pourquoi pas, ça permet d'avoir davantage de temps pour cerner la méthode !<br /> Et la philosophie... Mes deux problèmes, c'est les références et le plan. On peut se passer de références si le reste est excellent, mais si le plan et la problématique sont défaillants...<br /> oui, je pense que tout dépend du parcours et des aptitudes de chaque élève ;).
A
J'ai toujours pensé qu'il serait intéressant de demander à de jeunes étudiants de venir parler de leur expérience d'élèves au collège et au lycée... cet article file tout droit dans mes archives !<br /> <br /> Tout de même, je m'étonne qu'aucun professeur ne t'ait expliqué l'intérêt du commentaire composé par exemple, quand au paragraphe argumenté, le professeur d'histoire de mon fils l'exigeait en 5° (et il était plutôt sévère sur l'appréciation !). Ce doit être différent pour chacun je suppose, comme la philosophie qui me semblait totalement naturelle dès les premières dissertations...
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