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Voyages entre les bureaux, le tableau et le coin.
11 août 2009

La "prof-bouquin" (français, première)

Pour mon année de première S, on a attribué à ma classe un robot parlant.

Non, en fait, la prof de français était une véritable humaine, je crois. Elle venait tout juste d'arriver au lycée, et y est restée un an, je suppose donc qu'elle était TZR. Et sinon... J'avoue, aujourd'hui, je ne me souviens pas de son nom (alors que je me rappelle encore de celui de mes insituteurs de primaire...), c'est dire à quel point qu'elle m'a marquée en tant que personne.

Dès le premier cours, nous avons tous remarqué à quel point elle manquait d'enthousiasme. Certes nous étions en S, donc théoriquement pas très portés sur la littérature, mais (voir l'article sur la prof que j'ai eu en seconde, et qui nous a tous motivés) pour la majorité, nous étions à priori "bienveillants" envers le français. Nous n'adorions pas, mais la majorité de la classe était composée de lecteurs réguliers qui ne rechigneraient pas trop à se porter sur les lectures obligatoires.

Enfin, dès la première heure, donc, elle faisait la tête. Elle s'est adressée à nous d'une fois monocorde et sans envie particulière, comme un élève grincheux qui déclame une leçon. Elle avait aussi l'air particulièrement ennuyée, comme si elle aurait voulu n'importe quoi, sauf être ici, devant nous.

Pour sa façon de parler toujours monocorde, pour sa voix toujours égale, nous l'avons vite surnommée "la prof bouquin". Son visage était toujours, quoi qu'il arrive, impassible.

Lorsque nous avons commencé à nous agiter un peu (vu l'ennui qu'elle provoquait irrémédiablement chez nous, c'est venu assez vite...), elle nous demandait de nous calmer toujours avec la même voix, sans vraiment hausser le ton. Et puis elle a abandonné, parce que la classe restait quand même plutôt calme, tout au plus un brouhaha émanant du fond. Après tout, personne ne mettait le bazar, c'était plutôt un désintéressement général assez profond. Lorsqu'elle posait une question, demandait de la participation, quelques bonnes volontés participaient, toujours les trois-quatre même. Et les trois bacs blancs (en français, un par trimestre) ont été considérés avec un désinterêt et une indifférence totales.

Les plans pour l'oral de français ? Elle nous les a donnés, faisant son cours face à nous comme d'habitude, comme si nous n'étions pas vraiment là. Un cercle vicieux. Moins nous avions l'impression qu'elle s'adressait à nous, moins nous l'écoutions. Je ne sais pas si cela lui était égal, mais en tout cas, elle ne montrait aucune réaction. J'avais pris pour habitude d'écrire mes lettres pendant les heures de français, et comme elle se tenait en général debout à côté de moi, elle en avait parfaitement conscience. Mais j'étais une de ceux qui participaient, et elle voyait que j'avais un bout de son cours dans un coin de ma table, alors elle laissait faire...

Au bac de français, beaucoup d'entre nous se sont lamentablement plantés, surtout à l'oral. Pourquoi ? Parce que comme personne n'était "obligé" de suivre, une bonne partie de la classe n'avait pas noté les plans proposés par la prof pour les textes à l'oral, et nous étions très peu à avoir lu les lectures complémentaires (dont la connaissance est évaluée...). Enfin, ceux qui se sont débrouillés sont ceux qui ont écouté les cours toute l'année et qui ont pris la peine de travailler un peu à côté. Quant à l'écrit...

Nous avions acquis une bonne part des méthodes grâce aux devoirs fréquents, et l'écrit a été en majorité noté de la même façon que durant l'année. De façon peu glorieuse, en fait, mais tant pis.

Au final, cette année là, j'aurais lu Voyage au bout de la nuit de Ferdinand Céline et j'aurais récolté des notes très correctes au bac de français. J'aurais bénéficié de beaucoup de temps pour discuter avec mes voisins, pour dessiner et pour écrire. Mais je n'ai que peu de bons souvenirs de cette prof, et c'est surement dommage. Nous avons comptabilisé 4 sourires dans l'année.

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Commentaires
J
@Ed : Il est certain que ça ne devait pas lui apporter plus de plaisir qu'à nous...<br /> <br /> @BBK : Là, le message était clair : "la littérature c'est buté !". Un prof vend, oui, surtout quand nous ne sommes qu'aussi peu engagés dans notre orientation et qu'on en est encore aux choix... Et c'est une prof de vente qui dit ça, en plus, alors j'ai toutes les raisons d'approuver. =D
B
C'est clair qu'avec un peu d'enthousiasme, on arrive mieux à faire passer les messages. Je dis souvent qu'un prof est un vendeur qui vend sa matière : or un vendeur enthousiaste et qui croit en son produit est toujours plus efficace qu'un qui s'en fout.
E
Peut-être était elle vacataire... Je lui souhaite, car malheureuse à tous les coups !<br /> Je repars !
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  • Bien sûr que si, il y a encore des élèves qui écoutent leurs professeurs... Même s'ils ne font pas que boire leurs paroles ! Vision de l'Enseignement d'une élève de terminale générale.
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