Tölgy. (histoire-géographie, seconde)

Note : prononcer "tölguy".

Tölgy est un petit bonhomme au sourire de dessin animé.

Une bonne partie de ses élèves le dépassent en taille, mais peu importe. Des petites lunettes rouges, toujours habillé d'une chemise de couleur. Tölgy a toujours le sourire et une pêche qui donne envie. Il assure ses cours comme un show-man assure son spectacle. Avec des blagues, des péripéties, des lapsus, mais surtout, une vivacité hors du commun.

Il est fan de cinéma et ses élèves sont vite au courant. Combien de fois nous a-t-il mimé la mort d'un personnage dans un ses ces films stupide qu'il abhorre ? "Je vais te tuer, Ah, il va mourir ! Oh, je vais mourir ! - Je meurs ! - Il est mort ! Il l'a tué ! Je suis mort ! Je t'ai tué, haha !" D'une voix théâtrale. Assez déroutant la première fois, surtout quand il oublie d'ajouter "Bon, soyez plus subtils dans vos copies."

Tölgy est un passioné, et il tente de nous passionner à sa matière, ça se sent. Il laisse un peu les dates de côté pour s'attarder sur des anedcotes interressantes, des détails, des blagues. Si besoin (il l'a déjà fait de nombreuses fois...), il saute dans la classe, chantonne, esquisse un pas de danse, mime un joueur de violon. Cet homme aurait peut être du devenir comédien ou humoriste...

Jamais un cours d'histoire ne m'a tant attirée que cette année là (quoique cette année, avec Monsieur P., ça se discute...). Les heures en classe avec lui tenaient, en fait, plus du spectacle que de la vraie leçon, et nous prenions un vrai plaisir à aller en cours.

Pourtant, l'histoire-géo ne m'a jamais fascinée : avant, je la considérais comme dépassée et poussiéreuse. Mais quand un petit bonhomme vous mime un concert de rock dans la Grèce Antique et appelle les dirigeants de Rome "Néron et ses petits copains", bizarrement, ça change la vision que vous avez de la discipline...

Tölguy, contrairement à ce que l'on pourrait penser, note sévèrement. Ses contrôles sont difficiles (c'est la première année où il m'est arrivé de ne pas comprendre une question après plusieurs lectures...) et les notes sont loin d'être excellentes. Peut être est-ce une façon de nous pousser à nous surpasser ? Ou alors le fait que du collège (ou l'apprentissage de la leçon suffit largement pour avoir une très bonne note...) à la seconde, on ne nous demandait plus la même chose ? On passe à de la reflexion, à de l'interpretation, à quelque chose de beaucoup plus subtil que la mise en mémoire de quelques dates.

Notre classe avait beaucoup d'affection pour lui. Il a été absent quelques semaines pendant l'année, je ne sais plus à quelle époque, pour un problème de coeur qui nous avait tous inquiétés. Nous n'avions pas tardé à lui faire parvenir (c'est assez facile d'avoir l'adresse d'un prof quand il a des bons amis parmi ses collègues, et là c'est Monsieur P. qui nous l'avait transmise, par l'intermédiaire d'un parent d'élève...) une carte signée de tout le monde.

Sinon, il lui arrivait parfois d'avoir des idées un peu décalées pour éviter la monotonie : c'est le seul prof que nous avons réussi à convaincre (et relativement facilement...) d'aller faire cours dans l'herbe à la fin de l'année. Lui debout et nous assis par terre autour de lui, le surveillant passé chercher les noms des absents étaient était assez surpris...

Malgré tout cela, Tölgy a un gros défaut : le programme et la vitesse de ses cours. Parce que prendre du temps pour raconter des anecdotes, pour appuyer sur des détails, se permettre un petit intermède "discutons cinéma" dès qu'on en a l'occasion, ça permet de bien (très bien !) comprendre un cours d'histoire. On le maitrise bien, même... Mais le nombre de chapitres terminés à la fin de l'année n'est pas reluisant. C'est un prof excellent en seconde, mais en terminale, ce retard peut être gênant...

Toujours est-il qu'il est toujours là, avec son grand sourire, son enthousiasme et son energie. Il engage la discussion pendant le bac blanc, au cours de l'épreuve d'anglais.

"Ca va bien ?" - "Euuuuh, oui..." - "Tu t'ennuies pas ?" - "Bah non, j'ai un sujet d'anglais devant moi..." - "Ah, oui, c'est vrai. C'est pas trop dur ?" - "Nan, ça va, c'est amusant." - "Oh, bon courage alors !"

Sur ce, je retourne regarder mon cours de philo et le prier de bien vouloir s'intégrer dans ma mémoire.